L'Autorité de la concurrence a infligé une amende de 4,6 millions d'euros à Doctolib pour abus de position dominante, une décision qui réexamine notamment le rachat de son principal concurrent MonDocteur en 2018. Cette sanction met en lumière le durcissement de la régulation antitrust à l'encontre des stratégies de croissance des géants de la tech, même pour des opérations anciennes. La décision du 6 novembre 2025 reproche à Doctolib d'avoir « verrouillé » le marché de la prise de rendez-vous médicaux en ligne et de la téléconsultation. L'Autorité pointe des clauses d'exclusivité et des ventes liées qui, jusqu'en 2023, obligeaient les praticiens à souscrire à plusieurs services pour en utiliser un seul, renforçant ainsi l'effet de réseau de la plateforme. Fait notable, la sanction se fonde également sur l'acquisition de MonDocteur en 2018.
Bien que cette opération fût à l'époque sous les seuils de notification obligatoire, l'Autorité a appliqué la jurisprudence européenne « Towercast » de 2023, qui permet un contrôle a posteriori. Elle a conclu que ce rachat, qualifié de « prédateur », avait éliminé un concurrent crédible et contribué à asseoir la domination de Doctolib, dont les parts de marché dépassent 50 % depuis 2017 et atteignent parfois 90 %.
La sanction spécifique liée à cette acquisition s'élève à 50 000 euros.
Doctolib, qui a annoncé faire appel, conteste cette lecture et affirme n'équiper qu'environ 30 % des soignants français.
Ce cas d'école illustre la volonté des régulateurs d'appliquer plus strictement les règles de concurrence aux plateformes numériques, en examinant l'impact de leurs acquisitions sur la structure du marché, même des années après les faits.
En résuméLa condamnation de Doctolib pour abus de position dominante, incluant une sanction pour le rachat de MonDocteur en 2018, marque un durcissement de la surveillance antitrust. Elle crée un précédent en matière de contrôle a posteriori des acquisitions par des acteurs dominants de la tech, signalant une ère de régulation plus stricte pour le secteur.