Le gouvernement de Sébastien Lecornu a fait un pas décisif vers le Parti socialiste en annonçant l'inscription de la «suspension» de la réforme des retraites dans le projet de budget de la Sécurité sociale. Cette manœuvre vise à éviter une motion de censure, mais elle s'inscrit dans un débat budgétaire tendu, marqué par des désaccords sur la fiscalité et les économies à réaliser. Face à la menace d'une censure, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé qu'une «lettre rectificative» serait présentée en Conseil des ministres jeudi pour intégrer formellement la suspension de la réforme des retraites au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Cette garantie, réclamée par la gauche et le RN, vise à lever les doutes sur un éventuel recours aux ordonnances qui aurait pu maintenir la réforme.
Cependant, la communication de l'exécutif est apparue confuse. Depuis la Slovénie, Emmanuel Macron a réfuté les termes de «suspension» ou «abrogation», parlant d'un simple «décalage» et évoquant la possibilité d'un référendum. M. Lecornu a dû repréciser à l'Assemblée que la suspension concernait bien l'âge de départ et la durée de cotisation. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a affirmé que la réforme était «bel et bien suspendue».
Parallèlement, l'examen du budget 2026 en commission des Finances a été marqué par des revers pour le gouvernement.
Les députés ont rejeté la suppression de l'abattement fiscal de 10% pour les retraités, une mesure censée rapporter 1,2 milliard d'euros. Laurent Wauquiez a prévenu que les députés LR ne voteraient pas «automatiquement» le budget, le jugeant «invotable pour la droite» en l'état selon Bruno Retailleau. La gauche, malgré le rejet de la taxe Zucman, a obtenu quelques victoires comme la mise en place d'une contribution sur les «super-dividendes».
En résuméLe gouvernement a cédé sur la forme pour garantir la suspension de la réforme des retraites et s'assurer le soutien tacite du PS. Toutefois, le fond du budget 2026 reste source de profondes divisions, avec des oppositions sur la fiscalité des retraités et les économies, préfigurant des débats parlementaires difficiles.