Face à la controverse, le gouvernement a rapidement et fermement rejeté toute modification de ce produit d'épargne. Dans son rapport du 1er décembre sur la fiscalité du patrimoine, le CPO a suggéré d'harmoniser les plafonds du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) à 19 125 €, contre 22 950 € actuellement pour le Livret A, et de soumettre à l'impôt sur le revenu les intérêts générés au-delà de ce nouveau seuil. L'institution justifie cette piste en arguant que le Livret A est de plus en plus détourné de sa fonction d'épargne de précaution pour devenir un outil de placement défiscalisé pour les ménages les plus aisés. Le rapport souligne que 15 % des livrets dépassent le plafond et concentrent 47 % des encours, constituant un "effet d'aubaine" coûteux pour les finances publiques (5,6 milliards d'euros en 2025).

La réaction de l'exécutif a été immédiate. Dès le 2 décembre, le ministre Roland Lescure a déclaré que le gouvernement "n’envisage absolument pas de toucher au fonctionnement du Livret A", qualifiant les recommandations de simples avis "qui n’engagent que la Cour des comptes". Il a réaffirmé le statut du Livret A comme un "produit d’épargne populaire essentiel" et un outil crucial pour le financement du logement social. Cette prise de position met en lumière le caractère politiquement sensible du Livret A, que le gouvernement considère comme intouchable pour préserver la confiance des épargnants, malgré le coût budgétaire et les distorsions économiques pointées par les experts.