Cette stratégie inclut la création d'un "mur anti-drones" et le lancement du premier programme industriel de défense européen (EDIP). La proposition de la Commission européenne, présentée par la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas, vise à rendre une défense anti-drones pleinement opérationnelle d'ici 2027. Mme Kallas a souligné que de telles défenses ne sont "plus une option pour quiconque", arguant que la Russie, bien que n'ayant pas la capacité d'attaquer l'UE aujourd'hui, "pourrait se préparer dans les années à venir".

Cette initiative, d'abord déployée sur le flanc oriental, a suscité des réactions mitigées.

Plusieurs États membres, dont l'Allemagne, ont exprimé des doutes sur la compétence de la Commission en matière de défense, un domaine traditionnellement national. En réponse, Bruxelles insiste sur le fait que "les États membres sont aux commandes" et que la Commission jouera un "rôle de facilitateur". Parallèlement, l'UE a officialisé l'EDIP, doté d'un budget de 1,5 milliard d'euros, pour mutualiser les achats et accélérer la production d'armements. Le commissaire à la Défense, Andrius Kubilius, a évoqué des dépenses de défense de 6 800 milliards d'euros sur dix ans, financées majoritairement par les budgets nationaux mais aussi potentiellement par des fonds européens non utilisés. Cette militarisation de l'économie est critiquée par la gauche au Parlement européen, qui dénonce un sacrifice des budgets sociaux. L'ensemble de ces mesures s'inscrit dans une volonté d'atteindre une "autosuffisance européenne en matière de défense" et de présenter un front uni, comme l'a souligné la ministre lituanienne de la Défense, Dovile Sakaliene, pour qui la protection de la frontière orientale est une "responsabilité commune".