Les analyses convergent pour dire que l'Europe ne peut pas, à court terme, remplacer entièrement l'aide militaire et le renseignement américains. L'ultimatum de Donald Trump à Kiev a soulevé deux questions cruciales : l'Europe peut-elle remplacer les armes fournies par les États-Unis, et l'Ukraine peut-elle continuer à se battre sans elles ?

La réponse est non à la première question et oui à la seconde, mais avec des risques accrus. Le principal déficit européen concerne la défense aérienne et antimissile.

L'Ukraine dépend fortement des systèmes Patriot de fabrication américaine et de leurs missiles intercepteurs PAC-3, que seuls les États-Unis produisent. Mykola Bielieskov, chercheur à l'Institut national d'études stratégiques d'Ukraine, a souligné cette dépendance : "J'adorerais dire que nous pourrions nous passer des États-Unis... mais seulement pour un certain temps".

De même, le renseignement américain, basé sur des réseaux denses de satellites et de capteurs, est irremplaçable pour la détection précoce des missiles russes. Un rapport de la Chambre des communes britannique a d'ailleurs averti que le Royaume-Uni était trop dépendant des États-Unis pour sa défense. Bien que l'Europe soit désormais le principal bailleur de fonds de l'Ukraine, dépassant les États-Unis, cela ne lui confère pas le contrôle stratégique. De nombreux équipements cruciaux sont encore achetés à des entreprises de défense américaines via des mécanismes comme la liste PURL, financée par les Européens. Cette situation expose l'Europe à la volatilité politique de Washington, qui, selon un analyste, "se comporte de plus en plus comme un partenaire qui se sent libre de réécrire les termes chaque fois que son humeur politique change".