Cette transformation a un impact direct sur la politique européenne, y compris au sein du Parlement européen où le "cordon sanitaire" traditionnel commence à se fissurer.

De Londres à Berlin, en passant par Paris, les leaders de l'extrême droite comme Nigel Farage, Jordan Bardella et Alice Weidel cherchent à se défaire de l'image d'excentriques pour adopter celle de politiciens traditionnels, en costume-cravate. Cette "stratégie de la cravate", initiée par Marine Le Pen, s'accompagne d'une communication plus lisse, notamment sur les réseaux sociaux comme TikTok, et d'un effort pour nettoyer les rangs du parti des éléments les plus extrêmes.

Ils prennent également leurs distances avec le Kremlin, une alliance devenue moins populaire.

Au Parlement européen, cette professionnalisation porte ses fruits.

Le groupe d'extrême droite des Patriotes a mis en place un processus de sélection pour écarter les candidats trop sulfureux et a structuré son fonctionnement. Cette nouvelle approche a permis une victoire significative lorsque le Parti populaire européen (PPE), de centre-droit, a voté avec des partis d'extrême droite pour affaiblir des règles environnementales, brisant le "cordon sanitaire". Anders Vistisen, du groupe des Patriotes, estime qu'il y aura désormais de l'espace pour une majorité de droite sur des sujets comme "la compétitivité, dans certains domaines du Green Deal". L'influence de Giorgia Meloni en Italie est citée comme un modèle, montrant qu'un parti d'extrême droite peut gouverner tout en restant aligné sur les priorités de l'UE sur la scène internationale, un processus que certains analystes qualifient de "professionnalisation d'un agenda radical" plutôt que d'une modération.