L'Union européenne s'est retrouvée dans une position délicate, largement mise à l'écart alors que l'administration Trump a présenté un plan de paix pour l'Ukraine qui a suscité l'alarme à Bruxelles en raison de son orientation jugée favorable à la Russie. Cette initiative a contraint les dirigeants européens à une course diplomatique pour amender le projet et réaffirmer le rôle du continent dans la sécurité de son voisinage. Le plan initial de 28 points, qui aurait été élaboré avec une forte contribution russe, prévoyait des concessions majeures de la part de Kiev, notamment la cession de territoires comme le Donbass et la Crimée, une limitation de son armée à 600 000 hommes et l'interdiction permanente d'adhérer à l'OTAN. La proposition a provoqué un tollé dans les capitales européennes, qui n'avaient pas été consultées et craignaient qu'un tel accord ne récompense l'agression russe et n'ouvre la voie à de futurs conflits.
Face à un ultimatum américain fixant à l'Ukraine une date butoir pour accepter, les dirigeants européens, dont Emmanuel Macron, Friedrich Merz et Ursula von der Leyen, ont profité du sommet du G20 en Afrique du Sud pour tenir des pourparlers de crise et coordonner une réponse.
Ils ont insisté sur le principe que "les frontières ne peuvent être modifiées par la force" et que toute décision concernant l'Europe ou l'OTAN requiert le consentement de leurs membres.
Suite à des négociations intenses à Genève, auxquelles des représentants européens et britanniques ont finalement été conviés, le plan a été amendé en une version de 19 points, expurgée des clauses les plus controversées.
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a salué le fait qu'il y avait désormais "un point de départ", tout en soulignant que "beaucoup plus d'efforts sont nécessaires". Cet épisode a mis en lumière la dépendance stratégique de l'Europe vis-à-vis de Washington et son manque de stratégie de paix unifiée, comme l'a noté l'ancien ministre ukrainien Dmytro Kuleba : "Vous ne pouvez pas gagner une guerre où [...] l'Occident, sans qui l'Ukraine ne peut pas gagner, ne sait pas pourquoi il se bat."
En résuméPrise de court par une initiative de paix américano-russe, l'UE a réussi à faire amender un plan jugé trop favorable à Moscou. Cependant, cette crise a exposé la marginalisation diplomatique de l'Europe et sa difficulté à parler d'une seule voix sur l'avenir de sa propre sécurité, la forçant à réagir plutôt qu'à diriger.