Les partis d'extrême droite à travers l'Europe sont en train de transformer leur image et leur stratégie, abandonnant les figures excentriques et les discours les plus radicaux pour adopter une approche plus professionnelle et policée. Cette "dédiabolisation" vise à séduire un électorat plus large et à normaliser leur présence dans le paysage politique, avec l'objectif de gouverner. De la France à l'Allemagne, en passant par le Royaume-Uni et la Belgique, une nouvelle génération de dirigeants d'extrême droite émerge. En France, Jordan Bardella, président du Rassemblement National, incarne cette tendance avec son apparence soignée et sa maîtrise des réseaux sociaux, dans la lignée de la "stratégie de la cravate" de Marine Le Pen. En Allemagne, l'AfD, bien qu'en proie à des scandales, tente de se distancier de ses éléments les plus extrêmes et de son image pro-Kremlin sous l'impulsion de sa co-dirigeante Alice Weidel. Le parti remplace son organisation de jeunesse, jugée extrémiste, par une nouvelle structure sous contrôle central.
Cette stratégie de "melonisation", inspirée par la Première ministre italienne Giorgia Meloni qui a su modérer son discours sur la scène internationale tout en appliquant un programme radical au niveau national, semble porter ses fruits.
Ces partis progressent dans les sondages et leur influence se fait sentir, y compris au niveau européen où le PPE de centre-droit n'hésite plus à s'allier avec eux sur certains votes, notamment sur les questions environnementales.
Cette professionnalisation est perçue par certains analystes non pas comme une modération, mais comme une radicalisation plus efficace et furtive de l'agenda politique.
En résuméEn adoptant une image plus respectable et des stratégies politiques plus conventionnelles, l'extrême droite européenne cherche à briser son isolement pour accéder au pouvoir. Cette normalisation modifie l'équilibre politique, tant au niveau national qu'au sein des institutions de l'UE, où les alliances traditionnelles sont remises en question.