Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) poursuit son ascension dans le paysage politique allemand, cherchant à la fois à se normaliser et à étendre son influence, ce qui suscite une vive inquiétude en Allemagne et au sein de l'Union européenne. Deux évolutions récentes illustrent cette dynamique : la tentative de l'AfD de créer une nouvelle organisation de jeunesse pour lisser son image extrémiste, et la rupture du « cordon sanitaire » par une partie du patronat allemand. L'AfD a lancé la création d'une nouvelle organisation de jeunesse, « Generation Germany », dans le but de remplacer son ancienne branche, jugée extrémiste par les services de renseignement allemands et dissoute pour éviter une éventuelle interdiction. Cette initiative est présentée comme un effort de professionnalisation et de dédiabolisation, visant à attirer de « nouvelles recrues » et à former les futurs cadres du parti.
Cependant, les experts estiment que ce changement est purement cosmétique et ne constitue pas une « déradicalisation majeure ».
Parallèlement, le parti, qui a obtenu près de 21% des voix aux dernières élections législatives et devance désormais le parti conservateur du chancelier Friedrich Merz dans certains sondages, gagne en respectabilité dans certains cercles économiques.
L'association des entreprises familiales a notamment brisé le tabou en tendant la main à l'AfD pour un dialogue, suscitant un tollé. Un puissant syndicat a, en réponse, exhorté les entreprises à refuser tout dialogue avec l'extrême droite.
Ces événements, couplés à d'importantes contre-manifestations lors du congrès de l'AfD, montrent que la société allemande reste profondément divisée face à la montée en puissance d'un parti dont la proximité passée avec la Russie et les positions radicales inquiètent ses partenaires européens.
En résuméLa stratégie de normalisation de l'AfD et sa pénétration croissante dans le débat public allemand constituent un défi majeur pour la stabilité politique de l'Allemagne et, par extension, pour l'équilibre des forces au sein de l'Union européenne.