Synthèse : Crise politique

Le marathon budgétaire constitue un test de survie pour le gouvernement Lecornu.

Sans majorité et sans 49.3, son avenir dépend de sa capacité à naviguer entre les lignes rouges des oppositions, au risque de produire un budget sans cohérence ou de provoquer sa propre chute.

Conçue comme un gage de survie politique, la suspension de la réforme des retraites a créé de nouvelles lignes de fracture. Son financement controversé et l'opposition du Sénat en font un pari risqué qui pourrait déstabiliser davantage l'exécutif plutôt que de l'apaiser.

La contradiction publique entre le Président et le Premier ministre a semé le trouble sur la crédibilité des engagements de l'exécutif.

Elle a mis en lumière les difficultés de gouvernance et a offert un angle d'attaque aux oppositions, compliquant davantage la recherche d'un compromis.

Les revers subis par le gouvernement sur des mesures fiscales clés témoignent de son impuissance à imposer sa ligne. L'Assemblée nationale est devenue un lieu où les oppositions peuvent s'unir pour imposer des dépenses non prévues, menaçant la crédibilité budgétaire de l'exécutif.

Plus qu'une simple mesure fiscale, la taxe Zucman est devenue le symbole de l'affrontement idéologique sur le budget.

Son adoption, son rejet ou sa transformation en un compromis dégradé décidera non seulement de la survie du gouvernement Lecornu mais aussi de l'orientation politique du pays.

La position intransigeante de Gérard Larcher et de la majorité sénatoriale préfigure un blocage législatif sur la réforme des retraites. Le gouvernement est confronté à un dilemme institutionnel, devant choisir entre céder à l'Assemblée pour assurer sa survie ou suivre le Sénat pour maintenir la cohérence de la réforme.

En devenant l'arbitre de la survie du gouvernement, le Parti Socialiste a retrouvé une centralité politique inattendue. Cependant, cette position l'oblige à un exercice d'équilibriste périlleux entre la recherche de victoires politiques et le risque d'être accusé de compromission.

En appelant à la démission d'Emmanuel Macron, Édouard Philippe joue une carte audacieuse mais périlleuse.

Il cherche à incarner une alternative crédible pour 2027, mais doit naviguer sur une ligne de crête étroite pour se différencier sans être perçu comme un traître.

L'impopularité record d'Emmanuel Macron constitue le principal carburant de la crise politique.

Elle délégitime son action, paralyse son gouvernement et rend quasi impossible la construction d'un consensus national, ouvrant la voie à une fin de quinquennat sous haute tension.

La tentative du gouvernement de supprimer les avantages fiscaux sur les biocarburants illustre la difficulté de mener des réformes fiscales sectorielles. Elle a unifié contre elle une coalition d'intérêts agricoles, industriels et politiques, rappelant la sensibilité extrême de toute mesure touchant au prix des carburants.