Synthèse : Union européenne

Le réarmement historique de l'Allemagne redéfinit la géopolitique européenne, provoquant l'inquiétude de la France quant à son influence et recevant un soutien prudent de la Pologne. Ce changement majeur, centré sur l'industrie nationale allemande, déplace l'équilibre stratégique de l'UE vers l'est et teste la capacité du bloc à maintenir une politique de défense commune.

L'UE aborde la COP30 avec un leadership climatique affaibli par des compromis internes.

L'accord de dernière minute sur l'objectif 2040, truffé de failles, et l'affaiblissement des politiques vertes existantes révèlent une fracture politique qui menace la crédibilité du bloc et sa capacité à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

Le projet de l'UE d'utiliser les actifs russes gelés pour aider l'Ukraine est en suspens, freiné par les exigences de garanties de la Belgique et le veto potentiel de la Hongrie et de la Slovaquie. Face à l'urgence financière de Kiev, l'UE est dans une course contre la montre pour surmonter ces divisions et trouver une solution juridique viable.

La relance des relations UE-Royaume-Uni est bloquée par des divisions internes à l'UE concernant les contributions financières britanniques. Cette impasse menace de retarder des accords cruciaux, notamment sur le commerce du carbone, avec des conséquences économiques imminentes pour les entreprises britanniques, illustrant la complexité persistante des négociations post-Brexit.

Avec son nouveau "Pool de Solidarité", l'UE tente d'instaurer une gestion plus équitable des flux migratoires en aidant les pays en première ligne comme l'Italie et l'Espagne. Le système repose sur une solidarité "à la carte" (relocalisation, aide financière ou logistique) pour surmonter les réticences de certains États, mais son efficacité dépendra des contributions réelles des pays membres.

En réponse à l'intensification des menaces hybrides russes, l'UE durcit sa posture sécuritaire.

Les mesures incluent une restriction des visas pour les Russes, une coopération militaire accrue contre les drones en Belgique et la planification d'une nouvelle cellule de renseignement, signalant une prise de conscience accrue des risques pesant sur le bloc.

L'alliance renforcée entre Viktor Orbán et Donald Trump, marquée par une exemption aux sanctions sur le pétrole russe et un possible soutien financier américain, met en évidence une fissure dans la politique étrangère de l'UE.

Ce rapprochement idéologique fragilise la cohésion du bloc et pourrait encourager la Hongrie à intensifier son opposition à Bruxelles.

L'alliance entre l'extrême droite européenne et le mouvement MAGA américain se structure et s'intensifie. À travers des think tanks comme The Heritage Foundation et des visites politiques, un front populiste et nationaliste transatlantique se dessine, partageant des stratégies et des discours pour contrer les politiques progressistes et remodeler le paysage politique en Europe.

Malgré le veto de la Hongrie qui bloque le processus formel, l'UE multiplie les gestes de soutien à l'adhésion de l'Ukraine, notamment par un sommet à Lviv. La stratégie de "frontloading" des réformes est explorée pour préparer l'intégration future de Kiev, démontrant la volonté politique de poursuivre le processus d'élargissement malgré les obstacles.

Confrontée à une croissance plus lente et à un retard technologique par rapport aux États-Unis et à la Chine, l'UE risque de perdre son statut de puissance mondiale. La fragmentation politique interne est le principal obstacle à la mise en œuvre des réformes nécessaires pour inverser cette tendance et éviter de devenir un "musée à ciel ouvert de ses réalisations passées".